Les dix moments qui m’ont marqué en 2018

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Je vous souhaite une excellente année 2019 à tous.tes ! Pour débuter cette nouvelle année, je souhaitais partager avec vous les dix moments qui m’ont marqué en 2018. Positifs, tristes, déchirants, porteurs d’espoirs, ces moments m’ont fait réfléchir, questionner mes certitudes et mettre en perspective mes convictions. L’année 2018 fut une année riche, dense et intéressante. Je souhaite que la nouvelle année que nous entamons soit toute aussi fascinante et porteuse de transformations profondes et qu’elle permette que les changements amorcés en 2018 puissent se concrétiser.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, je tiens à préciser que les dix moments que j’ai choisi de vous présenter ne sont pas classés par ordre d’importance.

1. La reconnaissance du rôle de Tarana Burke dans la naissance du mouvement #Metoo

Le mouvement #MeToo devenu viral sur les réseaux sociaux à la fin de l’année 2017 suite à l’affaire Weinstein aura permis une libération de la parole des femmes sur les violences sexuelles jamais vue auparavant. Des milliers de femmes à travers le  monde, célèbres ou anonymes, se sont retrouvées à travers ces deux mots pour partager leurs traumas, leurs peurs et leurs craintes face aux agressions qu’elles avaient subi. Tandis que les expériences des victimes d’agressions sexuelles se voyaient enfin visibilisées, la créatrice de #metoo, Tarana Burke, se voyait complètement invisibilisée et effacée de la narration autour du mouvement. En effet, les médias ont très rapidement attribué la maternité de #metoo à l’actrice Alyssa Milano. S’ils avaient fait des recherches, ils auraient découvert que le mouvement #MeToo a été créé en 2007 à New-York par une militante afro-américaine, survivante d’agression sexuelle qui a voulu venir en aide aux femmes victimes de violences sexuelles. Ce sont des militantes féministes afro américaines qui attirent l’attention des médias sur les réseaux sociaux sur le rôle de Tarana Burke dans la naissance du mouvement. Ceci n’est pas anodin. L’invisibilisation de Tarana Burke dans le mouvement qu’elle a créé s’inscrit dans l’effacement perpétuel des contributions et des accomplissements des femmes  noires dans les luttes féministes.

Bien que le nom de Tarana Burke soit associé au mouvement #MeToo, la réelle reconnaissance de l’impact de son travail aura tardé à venir. En effet lors de son numéro de décembre, le magazine désigne personnalités de l’année « les lanceuses d’alerte du mouvement #metoo » et consacre sa couverture à Ashley Judd et Taylor Swift, entre autres. Même si Tarana Burke figure dans le numéro, son absence de la couverture est considérée comme une nouvelle forme d’invisibilisation du rôle majeur qu’elle a joué dans ce mouvement. L’affront sera lavé lorsqu’elle figurera en couverture de l’édition de mars du magazine consacré aux 100 personnes les plus influentes. Il aura fallu que de nombreuses personnes se mobilisent et expriment leur indignation pour que le célèbre magazine consente à accorder à Tarana Burke la place qu’elle mérite. Ceci met en exergue le rôle important que jouent des réseaux sociaux dans la dénonciation des injustices et l’importance de faire entendre sa voix.

En plus de cette reconnaissance, Tarana Burke a reçu de nombreux dont celui de « Community Change Agent » à la cérémonie « Black Girls Rock ». Durant cet évènement, l’activiste a rappelé que le mouvement #metoo appartenait également aux femmes noires. Elle a dit ceci : « It can be used by everybody and still be ours,”(…)Don’t opt yourself out of what was started for you because the media isn’t acknowledging your hurt and your pain and your stories. They never have. This is your movement, too. »

Ces mots sont très importants car de nombreuses voix se sont élevées, notamment des femmes noires, pour dénoncer le fait que  le mouvement #metoo ne prenait en considération que les expériences des femmes blanches issues de milieux privilégiés.

Au-delà du mouvement #metoo, les femmes non blanches se sont souvent vues exclues des combats féministes mainstream. J’ose espérer que le combat de Tarana Burke permettra de changer la donne et que le mouvement féministe fera preuve de plus d’inclusivité afin que les  femmes de couleur ne voit plus leurs expériences ou leurs contributions effacées ou minorisées.

2. Le Prix Nobel du Dr Mukwege et Nadia Murad


Le 10 décembre dernier, le Docteur Denis Mukwege et Nadia Murad ont reçu le Prix Nobel de la Paix à Oslo, en Suède. Tous deux ont reçu cette distinction importante pour récompenser les efforts qu’ils fournissent pour mettre fin à l’utilisation des violences sexuelles comme arme de guerre. On ne présente plus le Docteur Mukwege qui s’est fait connaître grâce au travail formidable qu’il fait dans son hôpital de Panzi pour guérir, soigner (physiquement et psychologiquement) et venir en aide aux victimes de viol à l’est de la RDC. Grâce à son travail, il a pu sauver la vie de nombreuses femmes et enfants victimes de crimes innommables et leur permettre de retrouver un semblant de dignité.
Nadia Murad est une jeune femme irakienne, issue de la minorité yazidie, âgée de 25 ans et qui fut esclave sexuelle du groupe Etat Islamique en 2014. Après de trois mois de captivité, la jeune femme parvient à s’enfuir. Depuis 2016, Nadia Murad est ambassadrice de l’ONU pour la dignité des victimes du trafic d’êtres humains.
Cette récompense attribuée à Denis Mukwege et Nadia Murad est très importante car elle permet de mettre en lumière l’atrocité des violences sexuelles utilisées comme arme de guerre. Dans de nombreuses zones de conflits à l’heure actuelle, les corps des femmes (mais également celui des enfants) sont des champs de batailles sur lesquels s’exercent les violences les plus atroces. Ces crimes sont perpétrés pour traumatiser, détruire et briser des communautés pour des générations entières. Prenons le cas de la RDC où depuis plus de vingt ans, des viols de masse sont perpétrés dans l’est du pays, dans l’indifférence totale de la communauté internationale. Quelques fois, les médias nous relatent les atrocités commises dans cette partie du monde, nous en sommes bien évidemment révulsés . Et ensuite ? Nous détournons le regard et nous continuons nos vies tandis que la barbarie continue.
Dans son discours que j’ai trouvé très fort et très juste, le Docteur Mukwege nous a exhorté, chacun.e d’entre nous, à regarder cette horreur en face et à comprendre les enjeux politico financiers qui sous-tendent ce conflit . L’est de la RDC dispose de minéraux précieux attirant toutes les convoitises. Ces mêmes minéraux que l’on retrouve dans nos téléphones portables par exemple et qui sont la source de toutes les exactions commises dans cette partie du monde depuis deux décennies. Cette prise de conscience doit être générale et nous devons réaliser que même si ce conflit se déroule à des kilomètres, nous sommes tous.tes concernés.es car il a une incidence sur nos vies que ne nous ne suspectons même pas parfois.
J’étais déjà consciente de tous ces enjeux mais le discours du Docteur Mukwege m’a permis de réaliser qu’il est temps de regarder les horreurs des viols de guerre en face. J’ai toujours eu beaucoup de mal à regarder les reportages sur les viols dans l’est de la RDC car étant trop sensible, j’avais peur de ne pas m’en remettre. J’avais tort. Ces violences aussi horribles soient elles, nous devons les regarder en face, les affronter pour comprendre ce que l’humanité a de plus laid et de plus horrible. En regardant cette vérité en face, cela nous permet de pouvoir avoir une conscience plus importante de l’urgence d’agir à notre niveau pour lutter contre les viols de guerre. Depuis des mois, j’hésite à regarder « City of Joy », un film réalisé par Madeleine Gavin qui raconte le parcours de femmes congolaises victimes de viols qui tentent de se reconstruire, qui est disponible sur Netflix. J’ai décidé qu’il était important que je le visionne pour les raisons que j’ai évoqué précédemment car détourner le regard et feindre de ne rien voir, c’est une manière d’être complice. Je ne veux plus détourner le regard des horreurs, je veux les regarder en face et agir à mon niveau pour qu’enfin le corps des femmes ne soit plus un champ de bataille.
3. L’assassinat de Marielle Franco


Le 14 mars 2018, la militante féministe et antiraciste brésilienne Marielle Franco a été assassinée à Rio de Janeiro. Elue au conseil municipal de la ville, elle a été abattue dans sa voiture avec son chauffeur, à l’âge de 38 ans. Sa disparition a suscité beaucoup d’émoi, d’indignation et de tristesse au Brésil mais également en Europe. Les nombreux rassemblements ou veillées en sa mémoire notamment en Belgique ou en France en sont la preuve. Marielle Franco était une femme noire, issue des favelas, homosexuelle, engagée dans lutte pour les droits des minorités sexuelles et ethniques et elle dénonçait également les bavures policières. Pour cette raison, son assassinat apparaît comme un règlement de compte envers celle qui représentait les « sans voix ». Le Brésil qui s’est construit sur le mythe de « la démocratie raciale » montre son vrai visage, à savoir celui d’une nation qui s’est construite sur l’exploitation et l’oppression des populations noires et autochtones et dans laquelle les inégalités raciales et sociales subsistent et sont complètement imbriquées les unes aux autres. Plusieurs mois après sa mort, l’assassinat de Marielle Franco n’a pas encore été résolu. Des suspects ont été arrêtés et des pistes se dégagent notamment celle liées à des enjeux fonciers importants et des affaires d’appropriations foncières illégales que l’élue brésilienne menaçait par ses prises de positions et ses actions et qui lui auraient coûté la vie. Dans le contexte politique actuel du Brésil avec l’élection de Jair Bolsonaro, ouvertement raciste et homophobe, cela semble difficile d’imaginer que cette affaire soit résolue et que les vrais coupables soient arrêtés même s’il faut garder espoir qu’un jour la justice sera faite.
La mort de Marielle Franco nous rappelle à nous, Afrodescendantes.es, que nos vies et nos luttes sont politiques et sont susceptibles de nous coûter la vie. Marielle Franco répétait souvent : « Ils croyaient nous enterrer mais nous étions des graines ». Il est donc important de continuer à mener le combat pour mettre fin à l’oppression raciste, sexiste, capitaliste et homophobe et à faire vivre l’héritage de Marielle Franco. Marielle présente!

4.  La percée des femmes issues des minorités lors des élections de mi-mandat aux USA.


Ilhan Omar, Rashida Taib, Alexandra Oscasio Cortez, Shanice Davids, Deb Haland et Ayanna Pressley. Elles sont amérindiennes, hispaniques, noires et musulmanes et elles ont été élues aux midterms du 6 novembre 2018 qui ont vu la victoire de nombreux.ses candidats.tes issus.es des minorités ethniques et sexuelles. Dans l’Amérique du Trump, cette victoire est un beau pied de nez aux populistes et aux xénophobes qui se nourrissent des angoisses et des peurs des peuples. Ces femmes sont des élus de la nation mais elle sont aussi des rôles modèles pour des jeunes filles et des femmes qui souhaiteraient se lancer en politique et qui se disent que c’est possible d’être, à l’instar d’Ilhan Omar, une femme noire, musulmane et voilée et anciennement réfugiée et de siéger à la Chambre des Représentants des Etats-Unis. Comme j’en ai souvent parlé sur le blog, la représentation est importante pour l’émancipation des femmes noires. Qu’elles le veuillent ou non, ces femmes sont des rôles modèles pour les filles et femmes de leurs communautés et leur simple présence dans le monde politique est une source d’espoir pour ces jeunes femmes et filles qu’elles ne sont pas prisonnières de leur condition.
Vue de Belgique (le pays dans le que je vis ), cette élection ressemblait plus à un rêve à quelque chose de réel. En effet, le monde politique belge reste en majorité blanc et masculin. Bien que des avancées aient été effectuées, le chemin est encore très long avant de compter dans les assemblées représentatives plus d’élues issues des minorités ethniques.

5. La mort de Naomi Musenga


Le 29 décembre 2017, Naomi Musenga agée de 22 ans appelle le Samu suit à des douleurs intenses. Moquée et raillée par ses interlocutrices qui ne prennent pas au sérieux ses plaintes, la jeune femme meurt décède plusieurs heures plus tard. Selon l’autopsie réalisée quelques jours plus tard, Naomi Musenga est morte des suites d’une défaillance multi viscérale sur choc hémorragique.
Révélée plusieurs mois plus tard, cette affaire a provoqué un vif émoi car elle va mettre en exergue d’une part, les dysfonctionnements graves du Samu et d’autre part, le syndrome méditerranéen. Le syndrome méditerranéen est un préjugé répandu dans le milieu médical et qui consiste à croire que les patients d’origine africaine et magrébine ont tendance à exagérer leurs symptômes et leurs douleurs. Ce syndrome a pour conséquence que les plaintes de ces patients ne sont pas assez prises en considération par le corps médical.
Suite à la révélation de cette affaire, de nombreuses personnes subsahariennes ou maghrébines se sont exprimés sur les réseaux sociaux pour raconter les violences qu’elles ont subi de la part de certains soignants. Face à ce constat, une dizaine d’associations dont le collectif Afro Fem, Lallab et le Réseau Classe/Genre/Race ont lancé le 7 juin 2018 une enquête sur les discriminations dans les services d’urgence de santé publique composée de vingt questions. Avec plus de 1000 réponses, les résultats que vous pouvez lire ICI sont interpellants et démontrent que le cas de Naomi Musenga n’est pas isolé. D’ailleurs, la championne de tennis Serena Williams a fait part de son expérience lors de son accouchement aurait pu lui coûter la vie. Après avoir donné naissance à sa fille, elle a des difficultés respiratoires qu’elle signale au personnel soignant et celui-ci ne prend pas ses inquiétudes au sérieux. Après avoir insisté à de multiples reprises, des examens sont réalisés et on diagnostique à Serena Williams une embolie pulmonaire. Bien qu’elle soit célèbre et riche, la championne n’a pas pu échapper aux stéréotypes sur les femmes noires qui voudraient qu’elles soient plus résistantes à la douleur. A ce propos, j’ai lu dernièrement un article sur la mortalité maternelle des femmes noires aux USA qui expliquait que celles-ci avaient trois à quatre fois plus de chances de mourir ou d’avoir des complications lors de l’accouchement que les femmes blanches. Ce constat assez grave doit faire prendre conscience que la santé des femmes noires est politique et que sa prise en charge est la résultante de préjugés et de stéréotypes racistes et déshumanisants.
Pour en revenir à l’affaire Naomi Musenga, un rassemblement a été organisé le 29 décembre 2018 pour commémorer l’anniversaire sa disparition. Sa famille, qui n’est pas satisfaite des conclusions de l’enquête prémiminaire qui déterminent que la mort aurait été causée par « la conséquence d’une intoxication au paracétamol absorbé par automédication sur plusieurs jours. », demande toujours à ce que justice soit faite en mémoire de Naomi.

6.  #Nopiwouma , #Doyna : les femmes sénégalaises décident de briser l’omerta.


Le mouvement #metoo a créé une onde de choc à travers le monde. La libération de la parole de nombreuses femmes sur les agressions sexuelles qu’elles ont subies ont permis de mettre en exergue une réalité que d’aucuns feignaient de ne pas voir ou ne voulaient pas voir. Parti des Etats-Unis en passant par l’Europe (et la France avec #BalanceTonPorc), #metoo n’a pas eu le même impact en Afrique. Pourtant ce n’est pas faute d’essayer notamment au Sénégal. La romancière et essayiste Ndèye Fatou Kane avait tenté de briser le silence en créant le hashtag #BalanceTonSaïSaï (« balance ton pervers ») qui n’a pas rencontré de succès sur les réseaux sociaux. En effet, les réalités sociales et culturelles du Sénégal ne permettent pas une libération totale de la parole des femmes sur les violences sexuelles. Néanmoins, une autre initiative avec le même objectif a vu le jour #Nopiwouma (« je ne me tairais pas ») sur Twitter à l’initiative de la blogueuse Ndambaw Kama et l’entrepreneuse Codou N’diaye. Plutôt que d’inviter les femmes à s’exprimer publiquement, elles ont invité celles qui le souhaitaient à s’exprimer via un formulaire anonyme. Cette démarche fut payante car les témoignages ont afflué et ont confirmé l’ampleur des agressions et des violences sexuelles dans le pays.
De son côté, la styliste Fatima Zahra Ba a décidé également de combattre les violences faites aux femmes dans son pays en créant le hashtag «#Doyna» (ça suffit !) qui est ensuite devenu un mouvement. Lancé durant les 16 jours d’activisme décrétés par l’ONU (du 25 novembre au 11 décembre), le mouvement lutte contre les violences faites aux femmes en déconstruisant des codes culturels tels que le « masla », « le mougn » et le « soutoura » (discrétion) qui étouffent la voix des femmes.
De nombreuses personnalités sénégalaises et africaines ont participé à la campagne que vous pouvez voir sur la page Facebook du mouvement. Un évènement intitulé « Gender Ataya » a été organisé avec la collaboration d’ONU Femmes pour discuter des problématiques de genre, des violences faites aux femmes, de la déconstruction des stéréotypes et de la manière dont les hommes peuvent s’impliquer dans la lutte contre le sexisme.
Je trouve ces initiatives très intéressantes car elles permettent de parler des réalités des violences sexuelles mais aussi de s’attaquer à des pesanteurs culturelles et sociales. De plus, ces mouvements démontrent que les femmes africaines sont capables de mener elles-mêmes leurs luttes en tenant compte de leurs contextes de vie. En effet, l’Afrique n’étant pas l’Occident, le mouvement #metoo ne peut s’y développer de la même manière. Pour connaître un peu le Sénégal (ma mère est en originaire), briser le tabou sur les violences sexuelles et s’attaquer à des codes qui régentent depuis des décennies les relations sociales ne sont pas choses aisées. C’est pour cela que je soutiens ces initiatives et que je souhaite vivement que ces mouvements permettront d’ouvrir la discussion sur la situation des femmes au Sénégal et de changer les mentalités.

7. Le succès (surprise ?) des mémoires de Michelle Obama.


Sortie le 13 novembre 2018, l’autobiographie de Michelle Obama intitulée « Devenir » est un succès planétaire. A la fin du mois de novembre, l’ouvrage s’était écoulé à plus de 2 millions d’Amérique du Nord (seulement) ! Cet engouement autour de l’ex-première dame s’est également vu lors des présentations de son livre qu’elle a effectué en Amérique et en Europe qui étaient toutes sold-out dans les premières heures de la mise en ligne des tickets. Ce succès n’est pas réellement surprise quand on connaît la côte popularité de l’ex-première dame durant les deux mandats de son mari et même après. Bien qu’elle soit la première first lady afro-américaine, Michelle Obama a su devenir une icône qui transcende les communautés, les générations et les milieux sociaux. Disposant d’un fort capital sympathie, elle a su capitaliser sur son image pour faire des messages importants notamment en faveur de l’éducation des filles et de la lutter contre l’obésité chez les enfants ;
N’en déplaise à certaines, j’admire beaucoup Michelle Obama. Son parcours et sa trajectoire me font beaucoup penser à ceux de ma mère et de certaines femmes de ma famille. Des femmes qui sont nées dans des milieux modestes et que rien ne prédestinait à devenir ce qu’elles sont devenues. Par leur refus de se laisser catégoriser et enfermées dans leur statuts de femmes, elles ont pu surmonter les obstacles et les préjugés. Je trouve cela admirable et inspirant. Je viens de terminer « Devenir » et je vous le conseille vivement. Cet ouvrage, en plus d’être une autobiographie, est une leçon de vie d’une femme ordinaire qui a eu une vie extraordinaire.

8.  Le calvaire des femmes subsahariennes esclaves au Moyen Orient.


En octobre dernier, huit jeunes femmes camerounaises ont regagné leur pays après des mois de calvaire au Koweït. Parties chercher un avenir meilleur, elles se sont retrouvées esclaves et ont vécu un véritable enfer. Le cas de ces femmes n’est pas isolé. Ces dernières années, de nombreux cas d’esclavage de femmes subsahariennes dans des pays du Moyen Orient ou du Golfe Persique ont été révélés. Certaines d’entre elles ont pu avoir l’occasion d’alerter l’opinion publique ou les médias en filmant des vidéos pour implorer de l’aide et témoigner des conditions inhumaines dans lesquels elles vivent. Le scénario est toujours le même. Elles sont attirées par la promesse d’une vie meilleure par des passeurs qui les font voyager et lorsqu’elles arrivent sur plage, le piège se referme : elles se voient confisquer leurs papiers et sont vendues à gens comme esclaves. Toutes ces femmes n’ont pas eu la chance de ces huit Camerounaises, beaucoup de femmes africaines restent encore captives dans ces pays comme esclaves sans possibilité de s’en  échapper. La situation de ces femmes est révoltante et dramatique mais l’inertie et le silence de certains pays africains face à cette situation l’est davantage. Il est temps qu’à l’instar du gouvernement camerounais, d’autres gouvernements africains fassent pression sur les pays concernés afin que ce type de violation des droits humains cessent.
De plus, l’esclavage de Subsahariens dans cette partie du monde n’est pas nouveau. Comment j’en parlais ICI, la traite arabo musulmane qui a duré treize siècles aura fait des millions de victimes africaines. Ce passé méconnu et tabou reste encore présent dans de nombreux pays arabes et maghrébins dans lesquels les Noirs.es subissent le racisme systémique et sont aussi réduits à l’état d’esclaves. Les femmes africaines, du fait de leur condition de Noire et de femme, subissent des sévices physiques et sexuels à l’intersection de la race et du genre.
Au 21ème siècle, il existe malheureusement des pays où l’esclavage existe. J’entends souvent les médias qualifier cela d’ »esclavage moderne ». C’est un oxymore. L’esclavage ne peut pas être moderne. L’esclavage est une barbarie et une infamie. L’esclavage est la forme la plus abjecte de nier à une personne son humanité.
Il est de la responsabilité des institutions compétentes de démanteler ces réseaux esclavagistes qui sévissent dans et hors du continent africain et de faire en sorte que les pays qui continuent de pratiquer l’esclavage soient sanctionnés à hauteur de la gravité des faits.

9. La percée des femmes en politique en Ethiopie.


Sahle-Work Zewde est devenue, en octobre dernier, la première femme présidente de l’Ethiopie. Elle devient la première femme présidente en exercice d’un pays africain. Même s’il s’agit d’un poste honorifique, le symbole est important. De plus, la Cour Suprême du pays a aussi une femme à sa tête pour la première fois : Meaza Ashenafi. Après le Rwanda, l’Ethiopie est le deuxième pays au monde à établir la parité dans le gouvernement. En effet, la moitié des postes sont dévolus à des femmes, dont les ministères de la Défense et le nouveau ministère de la Paix.
Cette représentation des femmes dans les instances gouvernementales éthiopiennes est à saluer. La participation des femmes à la vie politique est un enjeu fondamental qui s’inscrit dans la lutte pour les droits des femmes. On voit dans de nombreux pays africains la percée des femmes en politique, à l’instar de Kamissa Camara, ministre des Affaires Etrangères du Mali (à 35 ans elle est devenue la plus jeune ministre du pays), Soham El Wardini, la nouvelle maire de Dakar, Kirsty Conventry, ministre des Sports du Zimbabwe et Joy Kenewedo, ministre des Investissements, du Commerce et de l’Industrie du Bostwana.
Ces avancées majeures et importantes sont à saluer mais elles ne doivent pas être l’arbre qui cache la forêt. Dans cet article que je lisais récemment, il était indiqué de manière juste que malgré la participation croissante des femmes en politique, de nombreuses discriminations à leur égard subsistaient. Il faut donc continuer à œuvrer et à agir en faveur des droits des femmes en Afrique car la présence de femmes dans les gouvernements n’est pas une garantie de changement.
La représentation compte mais elle doit s’accompagner de changements profonds et durables qui impacteront durablement les droits des femmes.

10. Le discours de Naomi Wadler à la « March For Our Lives »

Agée de seulement 11 ans, Naomi Wadler a délivré un discours poignant à la « March For Our Lives », une marche historique contre les armes à feu à Washington qui s’est déroulée le 24 mars 2018. Dans ce discours, elle a affirmé vouloir représenter les nombreuses femmes noires victimes de la violence des armes à feu et dont les histoires ne font pas la une des journaux. Elle a déclaré ceci :  » Je suis ici aujourd’hui pour faire connaître et représenter les filles africaines-américaines dont les histoires ne font pas la une de tous les quotidiens nationaux, dont les histoires ne sont pas racontées dans les nouvelles du soir. Je représente les femmes africaines-américaines victimes des violences par armes à feu, qui ne sont que des statistiques, au lieu d’être de belles filles pleines de potentiel. Je suis ici pour dire ‘plus jamais’ pour ces filles aussi. »
Je suis très admirative de Naomi Wadler et de son discours. La portée de ce dernier est très importante car il est vrai que les femmes noires sont souvent invisibilisées lorsqu’on évoque les victimes des armes à feu ou même les violences policières. D’ailleurs, c’est pour cette raison que les hashtags #BlackWomenLivesMatter ou #SayHerName ont été créés pour mettre en lumière les victimes féminines noires. Contrairement à ce que certaines personnes pensent, il ne s’agit pas de diviser la communauté mais de dénoncer les violences et les oppressions que les femmes noires subissent et l’absence de traitement de ceux-ci dans les médias. Bien que sûr que la vie de TOUS les Noirs compte mais affirmer spécifiquement que la vie des femmes noires compte c’est une manière de reconnaître les discriminations spécifiques qu’elles subissent et l’invisibilité qui en découle.
A son jeune âge, Naomi Wadler est un rôle modèle pour de nombreuses jeune filles. Elle a d’ailleurs été classée dans la liste 21 Under 21 du magazine Teen Vogue. De plus, Naomi Wadler s’est vu décerner le prix BET Humanitarian Heroes qui récompense son activisme.
Il est fort à parier qu’on entendra encore parler de cette jeune fille inspirante et brave dans les années à venir.

 

En conclusion, l’année 2018 aura été riche en enseignements et en bouleversements. En matière de droits des femmes, nous avons pu observer des avancées mais également des reculs. Ces derniers doivent nous faire comprendre qu’il est important d’être vigilant.te quant à nos acquis. Ceux ci ne sont jamais garantis. Nous devons préserver l’héritage et les droits acquis suite à de longs combats par celles qui nous ont précédé mais également continuer à avancer et à œuvrer pour l’égalité des droits pour les femmes. Pour cette nouvelle année qui débute, je souhaite qu’elle soit particulièrement intéressante et qu’elle nous permette à chacun.e d’entre nous d’agir pour un monde plus juste et plus égalitaire.

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