Littérature: « Chère Ijeawele ou un manifeste pour une éducation féministe » de Chimamanda Ngozi Adichie.

 

9782072721977

“Je suis convaincue de l’urgence morale qu’il y a à nous atteler à imaginer ensemble une éducation différente pour nos enfants, pour tenter de créer un monde plus juste à l’égard des femmes et des hommes.

Cet extrait du nouveau livre de Chimamanda N. Adichie intitulé “Chère Ijeawele ou un manifeste pour une éducation féministe” donne le ton. En effet, cet essai est un plaidoyer en faveur d’une éducation féministe pour tous. Rédigé sous forme d’une missive envoyée à une amie qui lui demanda des conseils afin de donner une éducation féministe à sa fille, l’ouvrage est composé de quinze suggestions dans lesquelles Chimamanda N. Adichie déconstruit les stéréotypes de genre, remet en question les normes patriarcales et donne les orientations nécessaires afin de donner une éducation dénuée de stéréotype de genre à nos enfants.

A travers ces quinze suggestions, Chimamanda N. Adichie aborde plusieurs thématiques telles que la maternité, la sexualité, le mariage, le changement de patronyme, ect… dans lesquelles les inégalités de genre sont criantes et qui impactent de manière négative les femmes. Ces inégalités sont déconstruites par Chimamanda N. Adichie tout au long de l’ouvrage et elle fustige également les arguments “biologiques” et/ou “traditionnels” qui sont fréquemment convoqués pour justifier la position d’infériorité des femmes dans la société.

En outre, l’essai met également l’accent sur la nécessité pour les femmes de s’autodéterminer et donc de se définir par elles-mêmes sans la pression sociétale et les normes patriarcales. Dans cette perspective, elles doivent également questionner ces normes qu’elles ont intégré et qu’elles contribuent à perpétuer.

Dans cet essai, Chimamanda N. Adichie place la question féministe dans une perpective globale, considérant que les femmes ET les hommes sont concernés par cette question et qu’ils doivent oeuvrer ensemble pour une société plus juste égalitaire et plus juste. En effet, elle démontre à travers ces quinze suggestions que les normes patrircales déshumanisent les femmes mais également les hommes qui sont également enfermés dans des carcans sociétaux oppressants.

N’ayant pas encore d’enfant, la lecture de cet essai fut très instructif pour moi. J’ai toujours souhaité donner une éducation féministe à mes futurs enfants, j’avais déjà quelques idées à ce sujet et cet essai m’a permis de mieux comprendre les enjeux qui sous-tendent le fait de prodiguer une éducation dénue de stéréotypes de genre à ses enfants. Cela implique une remise en question profonde de ses propres représentations, de ses croyances, un changement de paradigme et même de notre sémantique qui est imprégnée de patriarcat.

Nous sommes le fruit de cette société patriarcale dans laquelle nous vivons et dans laquelle nous évoluons. Nous en avons donc, consciemment et inconsciemment, intégré les normes, les règles et les principes que nous reproduisons, que nous perpétuons et que nous transmettons à nos enfants. Alors, il est important de procéder à ce travail de déconstruction afin de pouvoir être en mesure de donner une éducation féministe à nos enfants. Des siècles de système patriarcal ne peuvent s’effacer en un jour, ce sera donc une entreprise ardue qui nécessitera beaucoup de temps, de courage et de volonté face à une société qui se voudra hostile.

Une éducation féministe est nécessaire et fondamentale au regard de la situation actuelle des femmes à travers le monde. Celles-ci restent victimes de représentations et stéréotypes de genre qui les oppressent, les discriminent et les excluent des sphères politiques, économiques et sociales. Ces représentations et stéréotypes, perpétués autant par les hommes que par les femmes, ne peuvent être remises en cause que grâce à une éducation féministe qui déconstruit les fondements mêmes des oppressions subies par les femmes.

En conclusion je vous recommande la lecture cet essai instructif et important à plusieurs niveaux. Malheureusement, certains sujets abordés n’ont pu être approfondis et cela m’a un peu laissé sur ma faim…Quoiqu’il en soit, je garde cet ouvrage précieusement car il me servira pour l’éducation de mes enfants mais j’y ajouterai sans aucun doute des annotations ou des réflexions car au final, l’éducation de nos enfants nous incombe et celle-ci est le relet de nos parcours, de nos trajectoires et de nos histoires personnelles.

“Chère Ijeawele ou un manifeste pour une éducation féministe” est une base de réflexion intéressante qui m’a permis de me questionner et de m’interroger sur l’héritage que je souhaitais laisser à ma progéniture mais cet ouvrage est également un état des lieux de notre société et du chemin long qu’il nous reste à parcourir pour parvenir à une société plus juste et plus égalitaire pour nos filles et nos garçons.

Chimamanda Ngozi Adichie, “Chère Ijeawele ou un manifeste pour une éducation féministe”, Gallimard, 77p., 8,50€.

 

 

 

 

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