BlackHERstorymonth#6 : Chica Da Silva, l’ascension sociale d’une esclave noire brésilienne.

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Chica Da Silva (ou Xica Da Silva), de son vrai nom Francesca da Silva de Oliveira, naquit en 1732 dans la ville de Vilo de Principe, dans le nord de l’état de Minas Gerais, au Brésil. Fruit des amours entre Antonio Caetano de Sá, un portugais et Maria Da Costa, une esclave noire originaire du Golfe de Guinée ou de Bahia, d’après les sources. Elle est une figure importante de l’histoire du Brésil et un symbole dans la communauté afro-brésilienne.

Née esclave, le premier maître de Chica Da Silva était le sergent Manuel Pires Sardinha avec lequel elle eut deux fils Pires Sardinha et Simão Pires Sardinha qui firent leurs étudent à l’Université de Coimbra au Portugal. Son second maître, le prêtre Rolim (José da Silva Oliveira) fut forcé de vendre Chica Da Silva à João Fernandes de Oliveira, propriétaire d’une mine de diamants et gouverneur des mines de Arraial de Tijuco. Il était l’un des hommes les plus puissants du Brésil colonial. Chica Da Silva et João entamèrent une relation et il finira par l’affranchir. Bien qu’ils ne furent pas officiellement  mariés, le couple vécut ensemble pendant de nombreuses années et eurent treize enfants.

Grâce à sa relation entre João, Chica devint une des femmes les plus puissantes du Brésil colonial. Cependant, le couple de João et Chica Da Silva déclencha un scandale dans la société de l’époque. Par exemple, elle fut interdite d’assister aux messes à l’église paroissiale, uniquement réservée aux Blancs. En réaction à ce bannissement de sa compagne, João construisit une église luxueuse où elle fut la seule à y assister.

En 1770, João retourna au Portugal et prit avec lui les quatre fils qu’il eut avec Chica Da Silva, ils furent anoblis par la Cour portugaise. Les filles du couple restèrent avec leur mère et furent envoyés au couvent de Macaubas. Après le départ de João, Chica Da Silva a réussi à maintenir son prestige et devint membre de la confrérie São Francisco do Carmo, exclusivement réservé aux Blancs.

Chica Da Silva mourut en 1776. Elle fut enterrée à l’église de São Francisco de Assis, privilège réservé uniquement aux riches Blancs.

Chica Da Silva demeure une figure importante de l’histoire du Brésil. Pour cause, elle fut la femme noire la plus puissante de son époque dans un Brésil esclavagiste. En effet, de nombreuses fictions furent réalisées sur sa vie et son parcours, notamment le film intitulé Xica Da Silva sorti en 1976 avec l’actrice afro­-brésilienne Zézé Motta dans le rôle principal.

L’ascension de Chica Da Silva a été souvent été décrite comme symbole de la « démocratie raciale » au Brésil. Cependant, sa figure est controversée chez certains en raison du fait qu’elle ait utilisé ses relations avec des hommes blancs afin de sortir de sa condition d’esclave et d’accéder à un statut social élevé. Il est important de souligner que cette stratégie fut utilisée à l’époque par de nombreux esclaves comme moyen d’échapper à la servitude afin de pouvoir jouir des privilèges réservés aux Blancs dans une société brésilienne esclavagiste. Force est de constater que des siècles plus tard, en raison du racisme systémique et structurel, de nombreux afrodescendants utilisent cette même stratégie de « métissage » afin de pouvoir accéder à un statut social élevé ou pour tenter d’échapper au racisme. Preuve que cette stratégie a ses limites, l’histoire de Chica Da Silva démontre sans équivoque qu’elle continua à être victime racisme malgré son affranchissement de sa condition d’esclave et son statut social élevé.

Chica Da Silva aura marqué l’histoire de son pays en raison du fait qu’elle fut une des rares femmes noires influentes de son époque. Elle réussit à atteindre un niveau social jamais atteint par une femme noire auparavant. Bien qu’elle soit considérée comme symbole de la « démocratie raciale » au Brésil, force est de constater que son parcours et son influence n’ont que peu d’impact sur ses contemporains afrobrésiliens, compte tenu de l’invisibilisation et de l’exclusion dont ils sont encore victimes. Néanmoins, l’histoire et le parcours de Chica Da Silva reste important afin de mieux comprendre les relations raciales au Brésil et les enjeux qui sous-tendent cette problématique. Elle reste une figure majeure importante de l’histoire de son pays et sa trajectoire est intéressante afin de mieux comprendre les vécus et expériences des femmes noires esclaves qui furent victimes d’un système raciste, colonial et patriarcal.

Sources :

-https://en.wikipedia.org/wiki/Chica_da_Silva

-https://blackwomenofbrazil.co/2013/03/19/chica-da-silva-from-slave-to-elite-in-18th-century-brazil/

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